En voyant enfin l'homme au déguisement s'attabler au comptoir à la suite d'un nouvel élève, Lafleur se dit qu'il avait décidément bien de la chance de mouiller à quai cette semaine. Cela faisait quelques jours qu'il n'avait pas rixmé, et déjà la pratique du vers lui manquait. Avec ces deux nouvelles arrivées, il aurait certainement la chance de trouver un nouvel adversaire. Mais il fallait tout d'abord se défaire des gêneurs:
"Non, messieurs, je ne vois pas de quoi vous parler. Un homme déguisé et courant à toutes jambes. Non, je ne vois pas. Mais vous devriez essayer près de l'église, j'ai entendu dire qu'il y avait eu là-bas beaucoup de grabuges."
Se tournant vers son nouvel interlocuteur:
"Monsieur, bonsoir. Que vous avanciez masqué, poursuivit par les brigands officiels ou tout simplement en badaud curieux, vous trouverez ici un asile de protection à toutes vos exactions !! Je vous demanderais tout de même de décliner votre identité, fusse-t-elle empruntée, afin de pouvoir vous parler. Mais laissez-moi tout d'abord vous présenter l'endroit qui vous sert de refuge. Vous venez d'entrer de plein pied dans l'Ecole de Rixme des Caraïbes. Et si le cidre que vous buvez vous étanche suffisamment la soif et que vous vous sentez l'humeur poétesse, vous trouverez ici de quoi rassasier vos envies!! Trinquons donc, amis, à notre rencontre."
Lafleur leva bien haut un verre de rhum où flottait quelques tranches de ce délicieux fruit des Caraïbes qu'est le citron.